REJET D'ANDRETTI PAR LA F1 : LE CONGRèS AMéRICAIN LANCE UNE ENQUêTE

Quelques jours seulement après l'apparition de Mario Andretti au Capitole, le républicain Jim Jordan, président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, a écrit aux propriétaires de la F1 pour leur demander des explications sur le processus décisionnel qui a fait obstacle aux espoirs d'Andretti de participer au championnat. Le réseau américain de télévision et de radio NBC a publié une lettre qu'il avait obtenue de Jordan et qui contient une demande de documents et d'informations concernant la décision de la F1 de refuser à Andretti une place sur la grille.

Dans cette lettre, qui a été envoyée au PDG de Liberty Media, Greg Maffei, et au PDG de la F1, Stefano Domenicali, Jordan indique vouloir des réponses pour s'assurer qu'aucun agissement anticoncurrentiel illicite n'avait eu lieu. "La commission judiciaire est chargée d'examiner si les lois fédérales sur la concurrence sont suffisantes pour se protéger contre les monopoles et autres restrictions déloyales au commerce", écrit-il.

"Les ligues sportives, comme la Formule 1, opèrent dans un domaine particulier de la législation antitrust, dans lequel un certain degré de collusion est nécessaire à la création du produit. Toutefois, lorsqu'une ligue sportive s'écarte de ses règles et pratiques de manière à réduire la concurrence et à diminuer l'intérêt des consommateurs pour le produit, la collusion peut constituer un comportement anticoncurrentiel."

Jordan souligne qu'il n'accepte pas certaines des explications fournies par la F1 pour justifier le rejet de la candidature d'Andretti lorsqu'elle a annoncé en janvier sa décision. "Les excuses avancées pour refuser l'inscription d'Andretti Cadillac semblent être fallacieuses, arbitraires et sans rapport avec la capacité d'Andretti Cadillac à concourir en Formule 1. Par exemple, la F1 a prétendu qu'une nouvelle équipe ne pouvait ajouter de la valeur [au championnat] qu'en 'concourant pour des podiums et des victoires'."

"Cependant, la FIA avait déjà analysé et approuvé les capacités techniques d'Andretti Cadillac à rivaliser avec les équipes actuelles, et la plupart des écuries actuelles de Formule 1 ne satisfont pas à la norme de la F1 qui consiste à se battre régulièrement pour des 'podiums et des victoires'."

Photo by: Andy Hone / Motorsport Images

"La Formule 1 a également reproché à Andretti Cadillac d'essayer de faire appel à un motoriste existant, car cela pourrait 'nuire au prestige et à la réputation' de la Formule 1. Dans le même temps, la Formule 1 a déclaré que si Andretti Cadillac utilisait un nouveau moteur fabriqué par General Motors au cours de sa première année, ce nouveau moteur constituerait un défi. La Formule 1 ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. La vérité, comme l'a expliqué le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, est que le rejet d'Andretti Cadillac est 'une question d'argent'."

Le Comité a également estimé que les arguments avancés pour justifier le fait qu'une 11e écurie puisse nuire aux intérêts des équipes actuelles laissaient peut-être entrevoir un comportement anticoncurrentiel. La lettre ajoute : "Les petites écuries veulent être protégées de la concurrence au détriment des consommateurs et une équipe supplémentaire entrerait en compétition pour les récompenses et le sponsoring."

"Si la Formule 1 doit entraver la concurrence et nuire aux consommateurs pour protéger des concurrents défaillants, c'est tout le modèle de la Formule 1 qui risque d'être brisé et l'organisation ne peut pas se cacher derrière la nécessité d'une ligue sportive pour adopter un comportement anticoncurrentiel. Retarder l'entrée d'Andretti Cadillac en Formule 1, ne serait-ce que d'un an, nuira aux consommateurs américains au profit d'équipes de Formule 1 défaillantes."

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Afin de faciliter l'enquête de la commission, Jordan a demandé à la F1 de lui fournir des documents et des informations sur ce qui s'est passé. Il a ainsi demandé la fourniture de tous les documents et toutes les communications concernant le processus d'évaluation des nouvelles équipes et d'Andretti, ainsi que tout ce qui a trait à la décision de la F1 de rejeter sa candidature le 31 janvier dernier.

En outre, il a demandé la fourniture de tous les documents et communications entre la F1 et les dix constructeurs actuelles concernant l'arrivée de nouvelles écuries dans la discipline, ainsi que toutes les communications relatives à l'entrée de nouvelles équipes ou au fonds d'anti-dilution prévu par les Accords Concorde. Il a demandé une réunion d'information dès que possible et au plus tard le 21 mai.

La semaine dernière, plusieurs membres du Congrès ont écrit à la F1 pour demander des réponses sur la décision concernant Andretti et pour savoir si les actions de la F1 avaient imposé des "restrictions déraisonnables à la concurrence" susceptibles d'enfreindre les lois américaines.

S'exprimant lors d'une conférence de presse devant le Capitole la semaine dernière, Mario Andretti avait déclaré : "Nous avons fait tout ce qui nous a été demandé. J'ai représenté les États-Unis avec fierté au cours de ma carrière en F1. Les moments dont je suis le plus fier sont ceux où je suis monté sur la plus haute marche du podium au son de l'hymne national américain."

Contactée par Motorsport.com, la F1 a refusé de commenter l'affaire.

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