L’INATTENTION DE LANCE STROLL LE CLOUE AU PILORI, MAIS SA COMBATIVITé PASSE INAPERçUE

Lance Stroll se fait laminer par la critique après son accrochage avec Daniel Ricciardo au 26e tour du Grand Prix de Chine. Un incident condamnable certes, mais circonstanciel, et qui n'a pas émoussé son envie de se battre en piste.

Bon. Tout le monde condamne Lance Stroll pour son instant d’inattention.

Sur l’incident lui-même, c’est clairement un instant d’inattention de la part du Québécois. Il regardait à sa droite au moment même où Ricciardo a appuyé fort sur sa pédale de frein.

A-t-il jeté un coup d'œil dans son rétroviseur, a-t-il évalué son passage au point de corde du virage ou voulait-il voir si Verstappen mettait les gaz pour la relance?

Ça s’est joué en une fraction de seconde. L'impact a été suffisamment fort pour obliger l'Australien à abandonner.

Oui, Lance Stroll est coupable. Il était derrière Ricciardo dans la file, à une distance qui lui permettait d’éviter l’accrochage.

Par radio à son ingénieur, Stroll a réagi : cet idiot a juste pilé sur les freins. Au moment où il a dit ça, il ne savait pas ce qui avait provoqué le freinage intempestif de l'Australien.

Le Québécois paie très cher son instant d’inattention.

D’abord, il a dû s'arrêter aux puits pour changer son aileron avant, et il écopé d'une pénalité de 10 secondes, ce qui l'a fait dégringoler au dernier rang (16e).

Enfin, les critiques lui tombent dessus, encore. Échantillon lu sur les réseaux sociaux :

Comment croire qu'il ait encore un volant en F1. C'est du népotisme éhonté.

Les commanditaires de l'équipe devraient suspendre leur financement pour inciter l'équipe à le remplacer.

Lance Stroll détruit plus d'Aston Martin que James Bond. Faut le faire!

Ricciardo a appris la réaction de Stroll en direct en entrevue d’après course, et il a répondu avec prudence : je suis fâché, mais je préfère attendre de voir ce que Lance dira après la course, s’il accepte sa responsabilité.

En effet, après la course, Stroll a bien expliqué la situation :

J’ai été victime de l’effet concertina [NDLR, l'effet accordéon ou élastique], a expliqué Stroll. Quelqu’un en avant de la file a freiné, et tout le monde a freiné, et quand la voiture devant moi s’est presque arrêtée, je n’avais nulle part où aller, c’était juste un incident de course bizarre.

Ce que Daniel Ricciardo voulait entendre, c'est que Lance Stroll admette sa responsabilité. Il ne l'a pas fait.

Le Québécois avait le temps de freiner et d’éviter l’accrochage, mais il a été pris par surprise après avoir regardé à sa droite. Il n’en a pas parlé, et n’a pas pris le blâme de l’incident.

Un instant d’inattention, ce n’est pas un incident de course bizarre, c’est un écart de conduite condamnable quand on roule en file comme c’était le cas, surtout à vitesse réduite avant une relance.

Comme l’a bien dit Ricciardo : le pilote en arrière a la responsabilité de bien juger son freinage quand on est si près les uns des autres.

C’est dommage que cet incident implique deux pilotes que les critiques égratignent cette saison pour leur manque de résultat. Au contraire de Stroll, Ricciardo pourrait perdre son volant et sa place en F1. Il avait besoin d’un bon résultat en Chine.

Le plus extraordinaire dans cette affaire, c’est que le pilote qui a entraîné l’effet concertina (qui a impliqué quatre voitures), c’est le coéquipier du Québécois, Fernando Alonso, qui roulait en 6e place derrière la Ferrari de Carlos Sainz fils.

Alonso a bloqué ses roues à l’entrée de l’épingle. Il aurait pu lui aussi heurter la monoplace en avant de lui, en l'occurrence la Ferrari de son compatriote. Il s’en est fallu de peu.

Lance Stroll mérite-t-il de perdre son volant en F1 pour cet instant d’inattention? Bien sûr que non, même si les commentaires sont acerbes sur les réseaux sociaux.

À la suite cet incident, au dernier rang du classement, le Québécois aurait pu se contenter de suivre le peloton. Mais non, il a livré une superbe bataille à Kevin Magnussen (Haas) au 34e tour pour le gain de la… 15e place.

La bataille a été âpre, mais respectueuse des règles et a impressionné les commentateurs britanniques au point qu’ils n’ont pas hésité à faire référence au duel entre Gilles Villeneuve et René Arnoux à Dijon en 1979.

Kevin Magnussen n’est pas un pilote facile à dépasser, et cette bataille, le Québécois l’a gagnée. Il a fini 15e avec une courte avance de 4,8 secondes sur le Danois.

Sentait-il le besoin de se racheter auprès des membres de son équipe?

Quelle que soit la raison, il n’a pas baissé les bras, et à défaut d’obtenir un bon résultat, Lance Stroll a montré qu’il aimait encore piloter et se battre, et c’est ce que veut voir Aston Martin.

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